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un lauréat

LAURÉAT National | 2002

Catégorie Création

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ATA-Alliance Transport & Accompagnement

Aziz SENNI

Prix

Parrainé par Ministère de la Ville 

  • Région Ile-de-France | Mantes-la-Jolie, quartier Val Fourré
  • Activité | Entreprise de taxis collectifs
  • www.atafrance.com

LE PROJET

Aziz Senni, 24 ans est originaire du Val Fourré à Mantes la Jolie, il est toujours là, au bas des tours, mais avec sa compagnie de taxis collectifs. En attendant de devenir le Jean- Marie Messier des quartiers, il reste là. En espérant faire rêver.

 

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Une raclée comme premières félicitations. La main rêche d’un père cheminot comme mise en garde à l’attention de son fils ramenant fièrement son carnet de notes en exhibant sa quatrième place : “ Si je fais les 3/8, c’est pour que tu sois premier ! ”. L’épisode mettra Aziz sur les rails de la réussite. Tout comme les vacances d’avril dans la cage d’escalier de sa cité du Val Fourré à Mantes la Jolie quand les copains partent au ski, ou les retours au bled, l’été, avec ses traditionnels récits d’émigration avortée entre “ceux qui se sont noyés dans la Méditerranée, et ceux qui ont tenté la traversée dix fois et qui se sont fait attraper dix fois ! ”.

NUITS BLANCHES ET BARBECUE
Le travail comme horizon, il enchaîne un BTS Transport logistique et premiers jobs pour retrouver son lit cinq heures par nuit : jeune cadre chez Dilipack, il supervise le réseau national routier la nuit, et le jour venu, endosse la casquette de directeur technique dans une PME. Des nuits blanches pour gagner encore plus d’argent, et créer vite, très vite, sa boîte. Première tentative autour de brochettes et de merguez : un barbecue met face à face Aziz et un riche homme d’affaires. Il fait alors ses valises et passe du Val Fourré à une luxueuse villa : deux semaines de tête-à-tête entre “ le prof ” et son élève pour combler les lacunes, apprendre à gérer un business. Le projet d’une société de taxi-frais s’élabore. Son homme d’affaires lui trouvera même un associé prêt à apporter 91 465 €. Tout est rôdé, prévu. Sauf l’accident, l’associé qui faillit trépasser. Superstitieux, Aziz y voit un mauvais présage.
Retour à la case départ. Affalé devant la télé. Et c’est la révélation : un documentaire suédois lui met la puce à l’oreille. Il mettra en place son entreprise de transport collectif, ATA. Et il a déjà le slogan : “ Plus rapide qu’un bus, moins cher qu’un taxi ”. Et c’est parti pour la course aux capitaux. Près de 60 980 € raflés à droite à gauche : Fondation Macif, Défi Jeunes, l’ADIE, Eden, Fondation Concorde, Cap entreprise, l’Association pour favoriser la création d’entreprise dans les Yvelines… Quant à la communication, c’est “Rachid système” comme disait Smaïn: des photocopies effectuées dans les entreprises où turbinent les copains et distribuées sur les marchés,
dans les cafés, les boîtes aux lettres. Et il peaufine avec le tour des rédactions. Et les articles s’accumulent.
Les mamans font appel à lui pour conduire leurs enfants au sport les mercredis après-midi, et des entreprises, comme Dassault, Handi-Thomson, des Conseils généraux ou encore une ambassade figurent parmi ses clients pour son service “VIP”. Résultat : 152 450 € de chiffre d’affaires au bout de dix mois, 11 salariés et déjà deux franchisés à Lyon et à Caen. En face, les taxis se rebiffent et l’attaquent en justice. Déboutés, ils organisent un guet-apens à deux heures du matin. L’histoire tourne au polar. Quelques semaines plus tard, un jeune de la cité distribuant des prospectus est agressé, brûlé au troisième degré. La cité s’enflamme, le quartier jure vengeance. Aziz les calmera, à force de discussions. Comme lorsqu’il s’assoie au bas des tours et tente de les faire rêver : “Mon grand rêve, ce n’est pas d’être Aziz du Loft, mais plutôt Bernard Tapie ou Jean-Marie Messier. Je voudrais leur faire comprendre à tous ceux qui habitent dans ce quartier, qu’ils ont beaucoup plus de chances de s’en sortir par l’économie qu’avec un micro ou un ballon de foot. J’essaye de faire venir de grosses réussites, mais je n’ai pas trouvé le Mohamed Messier ou le Mamadou Tapie ”. Alors, il reste là. En espérant qu’ils rêveront.

 

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