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LAURÉAT National | 2002

Catégorie Création

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A Bientôt à Belleville

Isabelle BOYER

Prix

Parrainé par Ministère de la Ville 

LE PROJET

 Isabelle Boyer, 30 ans est originaire du XIXème arrondissement à Paris. Au nouvel îlotier, au touriste ou à l’autochtone parisien, elle propose une visite de son quartier. Un itinéraire pas vraiment conventionnel, au gré des goûts, des habitudes et rencontres des habitants devenus guides pour l’occasion.

 

ILS FONT AIMER LEUR BELLEVILLE
La guide est fraîchement diplômée d’une école d’architecture. Mais à l’histoire des façades, elle préfère celle du voisin. Pas commère pour deux sous, mais plus humaine, plus vivante, tout simplement. Dans son école d’archi, déjà, face aux échelles énormes de ses plans, Isabelle prend des photos, “ pour réintégrer l’œil humain, pour ne pas perdre la relation avec la ville, les quartiers ”. Tout juste diplômée d’une école d’architecture donc, mais préférant céder sa place à Marie, Myriam, Marion ou Ludwig sans maîtrise ou thèse en histoire de l’art, mais une vie dans le quartier. Alors les guides, ce sont eux.

UN PETIT (GRAND) TOUR ET PUIS S’EN VONT
Ils mènent le visiteur à la découverte de Belleville et créent un circuit pour le promeneur : touriste, scolaire, comité d’entreprise ou autochtone parisien. Demain, tournée spéciale pour l’îlotier, le postier, le gardien d’immeuble et le nouvel animateur du centre social. Un petit – grand – tour et puis s’en vont, laissant la place à un groupe d’adultes en alphabétisation. Durant trois heures, ils marchent. Atelier d’artiste, parc, bistrot branché avec terrasse et vue sur vignes, premier restaurant chinois du quartier avec, au passage, une digression sur ses soupes, ou encore le souvenir de Piaf ou de Maurice Chevalier… Plus bas, un ancien squat investi par des graffeurs, une épicerie orientale pas vraiment comme les autres avec ses assiettes à grignoter.

PARTAGER LES TEMPS DE GALERE
L’idée, impulsée par le Comité Français de Secours aux Enfants (CFSE), est finalement portée par Isabelle et Catherine Janvier alors en thèse de sociologie. Elles héritent du projet, choisissent le quartier, créent l’association et partagent les temps de galère, des problèmes de locaux, du provisoire qui s’éternise, des travaux qui prennent du retard, des réunions à improviser au centre social ou au café parce qu’il faut débarrasser le plancher et laisser le local à d’autres. Et tapent un peu partout – Fondation Vivendi, Fondation RATP, Agence de l’eau, “mécénat” d’entreprise, FAS… – pour financer leurs propres salaires ainsi que celui des 11 emplois jeunes. Celui de Salomon ou Ludwig, avec un CAP magasinier, ou encore celui d’Angénic qui a jeté l’éponge après le lycée, là-bas en Côte-d’Ivoire.
Embaucher les jeunes du quartier peu ou pas diplômés reste un des principaux objectifs – “ On a dû tenir mordicus pour imposer ces jeunes ” – et la visite de Belleville toujours le prétexte. Pour créer de l’emploi, discuter, rentrer dans un café et siroter un thé à la menthe au soleil, rencontrer des artistes, découvrir une association, un magasin et son propriétaire musulman, juif, chrétien… Le parcours, un rien historique, demeure surtout jalonné de rencontres, de bonjours, de poignées de main. D’odeurs et de couleurs. D’humanité.