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un lauréat

LAURÉAT National | 2002

Catégorie Création

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CitéArt

Jérôme MALDHE

Prix

Parrainé par Ministère de la Ville 

  • Région Ile-de-France | VIGNEUX-SUR-SEINE, quartier de la Croix-Blanche
  • Activité | Atelier et cours de théâtre
  • www.citeart.com

LE PROJET

Jérôme Maldhé, 27 ans, est originaire de la Croix-Blanche à Vigneux-Sur-seine (Essonne). Acteur à la tête de l’association CitéArt avec laquelle il forme des jeunes du quartier au théâtre, il entend imposer dans le milieu les acteurs typés.

 

UN ACTEUR NÉ
Profession : acteur. Motivation : le frisson. Tout en évitant de jouer dans la vraie vie le remake d’un western au pied des tours de la Croix-Blanche avec pour rôle, celui du méchant. Ex-petit caïd qui ne reste pas plus d’un an et demi dans un collège : “ Je n’arrivais pas à me fondre dans le système, je voulais vivre des émotions fortes et l’école n’y répondait pas”. Il rate son bac, mais découvre le théâtre et y brille au Conservatoire de Paris en suivant les cours de Jean-Louis
Bilhoreau et de Jean-Pierre Martino, le coach de Juliette Binoche qui la mènera la même année aux Oscars.

Sous la rampe des projecteurs, il flambe, pourtant il lâchera tout. Pour une nouvelle ivresse, “ Isla Margarita”, au large du Venezuela. Mais au lieu de l’île, il atterrit en Espagne et troque son projet de camion ambulant et de vente de crêpes contre le monde de la nuit et des petits jobs de barman. Huit mois sous le soleil, jusqu’à épuisement des bourses. Retour à la cité, prostré dans son appartement, jusqu’à ce que Jean-Pierre Martino, Miguel Saëz, comédien, et Marie Favasuli, comédienne et ancienne costumière de Chéreau, le tirent par la manche : “ Ce sont un peu mes parrains, ceux qui croyaient en moi. Il m’était difficile, à cette époque, d’imaginer une carrière professionnelle en tant que comédien, cela ressemblait à un rêve plus qu’autre chose ”. Il retrouve les loges et se lance vers l’ESAD, l’Ecole Supérieure d’Arts Dramatiques de Paris, où il brille là aussi : sur près de 300 candidats, cinq garçons seront acceptés dont lui. Mais il n’y restera pas non plus : en conflit avec la direction qui lui refuse un projet de mise en scène, il quitte l’école. Abandonne. Tout comme les castings où ses photos sont retournées aussi sec à l’expéditeur. Motif : “ trop typé ”. Né d’un père indien et d’une mère franco-italienne, ses origines ne le serviront que trop rarement. Sauf lors d’un tournage d’un Navaro dans la peau d’un fils de diplomate pakistanais accusé d’esclavage moderne.

 

S’EXPRIMER EN SE FORMANT AU JEU DE L’ACTEUR

Retour à la cité. “ Je pouvais, certes, me trouver une place au chaud. Mais une vie de mouton, pour moi, ce n’était pas possible ”. Il décide alors de monter un atelier de théâtre avec treize jeunes du quartier avec lesquels il crée une troupe “La famille est réunie ”, puis un premier spectacle, puis un deuxième, “Songe d’une nuit de quartier ”, qu’il présenteront à la Foire St-Germain. Jérôme n’a, dès lors, plus qu’un seul objectif : “donner aux jeunes la possibilité de s’exprimer en les formant au jeu de l’acteur mais aussi aux techniques de réalisation ”.

Avec 116,93 € et pas un cent de plus en poche, ils tournent et montent leur première fiction, “La deuxième porte ”, concourent au Festival Oroleïs – Regard jeune sur la cité, et raflent le premier prix. À cette occasion, Twefik Farès, parrain du festival et réalisateur de la société de production Alizé Production, leur propose de devenir la treizième
équipe de Télé-cité en Ile-de-France pour France 3. Devenu reporter mais sans un sou, Jérôme sollicite alors la mairie, la Fondation Auchan (6 098 €) et le Conseil Général (1 524 €) pour boucler son budget de 9 147 €.

 

VERS LA RECONNAISSANCE

Dans l’effervescence, il rencontre successivement Irina Brook avec qui il parle de sa nouvelle création, puis Hammou Graia, metteur en scène, qui l’engage sur sa nouvelle pièce “Martin Luther King jr, la force d’aimer ”. Mais il a la tête ailleurs, vers d’autres rêves, comme la reconnaissance de ces jeunes qu’il coache et pour lesquels il joue l’agent. Avec son catalogue de “jeunes typés”, il démarche ainsi les directeurs de casting, enfonce les portes et les impose dans “Le baiser du dragon” de Besson ou “Chaos”, le dernier film de Coline Serreau. En attendant son école, avec son nom en lettres de lumière.