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un lauréat

LAURÉAT National | 2002

Catégorie Création

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INTELCOM Services

Catherine MOUSSA

Prix

Parrainé par Ministère de la Ville 

  • Région Ile-de-France
  • Activité | Téléboutique

LE PROJET

Catherine Moussa, 32 ans est originaire de Centre Afrique, elle grandit à Maisons-Alfort. Elle faisait le marché et tournait en rond. Mais c’est en achetant ses bananes plantain qu’elle remarque une téléboutique. Pour échapper au chômage, elle décide de se lancer et de créer son entreprise. Fière de quitter le foyer, de montrer la voie à d’autres femmes.

 

EMPECHEUSE DE TOURNER EN ROND

Quand elle passe devant, elle ne peut pas s’empêcher de regarder. C’est plus fort qu’elle. Et c’est toujours le même scénario : les bras chargés de bananes plantain et de feuilles de manioc, elle ralentit le pas, jette un oeil, pousse même jusqu’à ouvrir la porte. Voilà donc ce qui attire tant de monde : des cabines… De simples téléphones. À Château-Rouge, à quelques mètres du marché africain, ils font la queue pour téléphoner au pays. Eberluée par la foule qui se presse entre deux planches de contre-plaqué, Catherine flaire le filon et se dit que décidément, ce pourrait être l’occasion ou jamais de se lancer, de sortir enfin de son appartement. “ J’en avais marre de rester à la maison. Quand on a fini le ménage et la cuisine, on tourne en rond. ”

LES COUCHES PREFEREES AUX FRIPES

Pourtant, si elle a quitté la République Centrafricaine à 14 ans, c’était pour éviter de tourner chèvre. Mais orientée vers un CAP Couture industrielle alors qu’elle rêve d’être puéricultrice, elle repart pour un tour. Mais pour un tour seulement, jusqu’au diplôme. Préférant décidément les couches aux fripes, elle déniche un job comme aide maternelle dans une crèche, pouponne son fils dans la foulée durant trois ans, puis à la vie en bleu succèdent quatre ans de bataille pour retrouver du boulot.

Toujours le panier plein de bananes, elle pousse alors la porte de la téléboutique mais dans l’idée, cette fois, de soutirer des informations au gérant : du comment obtenir les adresses des opérateurs privés à comment monter les cabines. Encouragée par son mari, elle traverse les périodes de vaches maigres et de stress. “On avait 4 573 € d’économies et on s’est serré un peu plus la ceinture ”. Mais faute d’avoir encore réuni la totalité de la somme nécessaire pour les travaux, le local loué à la mairie dans le centre commercial de Sevran restera vide les premiers mois : entreprise fantôme mais au loyer bien réel. Et difficile à acquitter. Sa providence : Lucien DaPonte, au service économique à la mairie, qui annulera sa dette. C’est grâce à lui encore, qu’elle prétend au FRE et empoche un chèque de 3 049 €. Quant à la publicité, elle use des moyens du bord. Son mari distribue des tracts dans les boîtes aux lettres avec l’aide d’amis, le tam-tam africain fait le reste. Aujourd’hui, leur chiffre d’affaires – 381 € par jour – est à la hauteur de leur prévisionnel.

“RENDRE UNE FIERTE”

“ Dans notre communauté, les femmes sont généralement des moins que rien. Une femme qui réussit, ça rend une fierté. Ma mère n’a jamais travaillé. Je m’étais juré que je ne serais pas comme ça… À attendre le salaire d’un homme. ” Et de s’envoler : “ Il faut que les femmes se bougent, qu’elles se lèvent. Nous avons aussi notre place à prendre. L’autre jour, un client m’a dit que la place des femmes était auprès des enfants, mais ce temps-là est révolu ! ”

Heureuse d’être une empêcheuse de danser en rond.