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un lauréat

LAURÉAT National | 2002

Catégorie Création

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TINA Chaussures

Hacina PERRET-BLANC

Prix

Parrainé par Ministère de la Ville 

  • Projet suivi par Ville de Vigneux, Adie
  • Région Ile-de-France
  • Activité | Magasin de chaussures

LE PROJET

Hacina Perret-Blanc, 32 ans, est originaire du quartier de la Croix-Blanche à Vigneux. Après des années de galère, elle ouvre son propre magasin de chaussures. Perchée sur talons, elle veut vendre du glamour aux habitants qui réclament encore des charentaises.

 

HAUTS TALONS ET CHARENTAISES

Des chaussures, Hacina en a plein ses placards. Dans les temps les meilleurs, elle pouvait aligner jusqu’à 50 paires. Aujourd’hui, elle en a beaucoup moins, mais elle est toujours fourrée dans les boîtes à chaussures : depuis octobre dernier, elle a ouvert son propre magasin dans le centre commercial de la Croix-
Blanche. Dans le local d’une ancienne charcuterie, elle accueille le client en escarpin dans un décor à l’Almodovar, moquette rouge au sol, saumon au mur. Derrière, dans l’arrière pièce, le carrelage jaunâtre et les chambres froides sont toujours là. Un mois et demi de travaux non-stop pour tout parfaire et éviter la faute de goût. Elle a presque tout prévu, sauf l’entorse au glamour : “ Je ne voulais pas faire les chaussons. Mais les gens en demandent, les petites mamies et leurs charentaises… Alors, bon, je vais m’y mettre.”

 

LARGUER LES AMARRES

Elle parle sans chichi de talons carrés ou aiguilles, de bottes en cuir, en daim, en nubuck… Mais plus difficilement de son passé et de son enfance qui “ouvre une plaie ”. Après plusieurs fugues, Hacina demande à 16 ans son émancipation et largue les amarres : tchao les parents et fini le lycée professionnel et ses cours de cuisine avec ces plats en sauce qui ne passent vraiment plus. Elle, la “petite et boulotte ” qui rêve d’être danseuse, enchaîne alors un TUC au commissariat de Puteaux, puis un SIVP en cardiologie à l’hôpital Broussais où elle joue l’animatrice pour les enfants hospitalisés. Elle endossera ensuite le tablier blanc comme femme de chambre et gouvernante pour le raccrocher pour la chaussure. Dix ans que ça dure.

Et si elle devient patron à son tour, c’est après son deuxième enfant, trois ans de congé parental, et un retour difficile sur le marché de l’emploi : “Ca me rendait malade de ne pas trouver de travail ou d’accepter un SMIC sur Paris qui allait passer dans les transports ou la cantine des enfants ”. Alors, avec ses dix années d’expériences de petits et grands pieds avec l’un toujours plus fort que l’autre, elle débarque à la direction du développement économique de la ville de Vigneux où elle y rencontre Jean-Luc Pizivin. Celui-ci la dirigera ensuite vers l’Adie, où grâce à Carole Perron, elle décroche deux crédits (9 147 € au total) pour créer son entreprise individuelle, puis vers le FRE, avec lequel elle obtient 3 049 €. Une initiative qu’elle voit comme “un pari ”, pour “réussir à faire quelque chose de [sa] vie ”, pour sa mère aussi. En attendant le couperet, la viabilité ou pas de son entreprise, les habitants du quartier viennent la voir pour discuter, acheter aussi, très souvent. Et beaucoup lui souhaitent bonne chance parce qu’ici, dans le centre commercial, les commerçants ont déserté, fermant boutique les uns après les autres. Mais la mairie a bien l’intention de le redynamiser. Hacina y croit.